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Dimitri PHILOPOULOS

Avocat et Docteur en médecine

Défense de victimes d'erreurs médicales
22 av. de l'Observatoire - 75014 PARIS
Tél. 01 46 72 37 80

Le Blog de Dimitri PHILOPOULOS


Méningiome : une pathologie au coeur de l'erreur médicale

28.04.2016
méningiome, hématome, tétraplégie, handicap, erreur médicale, faute médicale, accident médical, avocat, préjudice corporel, Grenoble, Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Paris Le méningiome est une tumeur le plus souvent bénigne des enveloppes du système nerveux central. L'intervention chirurgicale a pour objectif l'ablation du méningiome. Parmi les risques de cette chirurgie figure l'hémorragie et à cet égard un hématome compressif peut engendrer un handicap sévère tel qu'une hémiplégie ou une tétraplégie.

En l'absence de faute médicale lors de l'ablation d'un méningiome, la victime peut demander au juge de condamner l'ONIAM à réparer son préjudice sur le fondement du II de l'article L1142-1 du code de la santé publique. Naturellement, l'ONIAM résistera à la demande de la victime en prétendant que les conditions de ce texte ne sont pas remplies. Que dira le juge ?

La Cour Administrative d'Appel de Paris a été confrontée il y a quelques mois à cette question et malheureusement n'a pas pu y répondre (CAA Paris, 31 juillet 2015) : la cour a simplement demandé un complément d'expertise afin d'apporter des précisions supplémentaires.

Néanmoins, la motivation de la cour permet de voir plus clair quant au périmètre de l'aléa thérapeutique : « La condition d'anormalité du dommage prévue par ces dispositions doit toujours être regardée comme remplie lorsque l'acte médical a entraîné des conséquences notablement plus graves que celles auxquelles le patient était exposé de manière suffisamment probable en l'absence de traitement. Lorsque les conséquences de l'acte médical ne sont pas notablement plus graves que celles auxquelles le patient était exposé par sa pathologie en l'absence de traitement, elles ne peuvent être regardées comme anormales sauf si, dans les conditions où l'acte a été accompli, la survenance du dommage présentait une probabilité faible. Ainsi, elles ne peuvent être regardée comme anormales au regard de l'état du patient lorsque la gravité de cet état a conduit à pratiquer un acte comportant des risques élevés dont la réalisation est à l'origine du dommage ».

Il découle de cette motivation que la réparation incombe à l'ONIAM lorsque les conséquences de l'accident médical sont « notablement » plus graves que l'évolution naturelle de la maladie du patient. Dans le cas contraire, la réparation n'incombe pas à l'ONIAM sauf en cas de « probabilité faible » de survenance du dommage.

Autrement, la pathologie des méningiomes faisait l'objet d'une autre décision importante rendue le 6 mars 2015 par le Conseil d'Etat. En effet, la Haute juridiction administrative avait décidé qu'une faute à l'origine d'une perte de chance ne fait pas obstacle, en cas d'accident médical non-fautif, à une réparation intégrale sur le fondement du II de l'article L1142-1 du code de la santé publique étant précisé que l'indemnité versée en raison de la perte de chance est déduite des sommes dues par l'ONIAM vu le caractère subsidiaire de la réparation allouée au titre de la solidarité nationale.

   


Myélopathie spondylotique cervicale : le bénéfice de la chirurgie toujours difficile à cerner

28.04.2016
myélopathie spondylotique cervicale, myélopathie cervico arthrosique, névralgie cervico-brachiale, tétraplégie, handicap, erreur médicale, faute médicale, accident médical, avocat, préjudice corporel, Grenoble, Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Paris A travers le monde, la myélopathie spondylotique cervicale est la cause la plus fréquente de la dysfunction médullaire. La myélopathie spondylotique cervicale est consécutive à la dégénérescence des disques entre les vertèbres de la région cervicale et des phénomènes arthrosiques, le plus souvent liés à l'âge. Contrairement à la névralgie cervico-brachiale où le territoire d'un nerf du membre supérieur est affecté, la myélopathie spondylotique cervicale est à l'origine d'une véritable souffrance médullaire. Cette atteinte médullaire peut conduire à une paralysie des quatre membres donc une tétraplégie.

En l'absence de toute chirurgie décompressive, la myélopathie cervicale voire régresser. Or, la chirurgie décompressive est souvent proposée mais son vrai bénéfice à terme (après des mois ou des années) est mal connu. En effet, il existe seulement un essai randomisé qui n'a montré aucune différence entre le traitement chirurgical et le traitement médical/rééducatif à trois ans de suivi étant précisé que cet essai n'a inclus que des patients ayant une myélopathie minime à modéré. Autrement, il existe plusieurs études observationnelles mais très peu sont prospectives. A cet égard, une étude prospective (et multicentrique) qui a inclus des patients avec tous les degrés de myélopathie (minime, modéré, sévère) était publiée en 2013 (J Bone Joint Surg Am. 2013;95:1651-1658). Cette étude a mis en évidence un bénéfice de la chirurgie à 12 mois de suivi. Néanmoins, l'étude n'avait pas de groupe témoin (sans traitement chirurgical). Ceci est particulièrement important dans le présent contexte compte tenu de la possibilité de la stabilisation des patients avec un traitement non chirurgicale.

Afin de voir plus clair, un modèle prédictif a été développé et validé pour identifier les patients pouvant bénéficier le plus d'un traitement chirurgical (J Bone Joint Surg Am. 2013;95:1659-66). Ce modèle fournit des probabilités d'une suite favorable à la chirurgie. Un des facteurs (parmi d'autres) ayant diminué la probabilité de 22% était la durée des symptômes.

Ces données devraient être prises en compte par les juges afin de déterminer si un consentement libre et éclairé a été délivré à la victime d'un préjudice corporel consécutif à une intervention chirurgicale pour myélopathie spondylotique cervicale.

   


Erreur de diagnostic du médecin : un domaine qui mérite encore plus d'attention

28.04.2016
diagnostic, erreur médicale, faute médicale, accident médical, avocat, préjudice corporel, Grenoble, Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Paris Un article récent en forme de perspective a été publié dans la très influente revue médicale NEJM (N Engl J Med 2015; doi: 10.1056/NEJMp1512241) sur un sujet souvent négligé, y compris par la Haute autorité de santé (HAS), à savoir les erreurs de diagnostic du médecin ou du chirurgien. En effet, citant un rapport publié sur le sujet, les auteurs de cet article constatent qu'en matière de sécurité des patients, c'est souvent les accidents médicaux à la suite d'un traitement qui reçoivent le plus d'attention. Peut-être, notent-ils, en raison de la difficulté de détecter les fautes médicales de diagnostic et de les comprendre.

Néanmoins, les erreurs de diagnostic du médecin sont fréquentes et les auteurs citent un corps de recherche qui montre qu'un diagnostic sur dix est probablement erroné. De quoi inciter le patient à chercher un deuxième avis...

L'article note que le rapport précité a fait état de différentes recommandations comme le travail en équipe, l'utilisation des applications informatiques pouvant détecter des erreurs de raisonnement, l'apprentissage au travers des erreurs d'autres praticiens et des études de cas ainsi que la promotion d'une véritable culture de sécurité en matière de diagnostic. Enfin, au regard des données fournies par cet article, les victimes d'un préjudice corporel après une erreur médicale de diagnostic ont souvent raison de s'adresser à la justice.

   


Difficultés d'intubation : un sujet important pour l'avocat spécialiste en responsabilité médicale

28.04.2016
Oniam, Anesthésie, intubation, ventilation, difficultés, Accident médical, faute médicale, avocat, préjudice corporel, Grenoble, Bordeaux, Lyon, Marseille, Lille, Rouen, Paris Des difficultés d'intubation sont une cause fréquente de handicap lourd ou de décès (Anaesthesia 2015; 70:1286-1306). Les sociétés savantes d'anesthésie formulent règulièrement des recommandations de la pratique clinique pour dépister ces difficultés afin d'utiliser des techniques spéciales d'intubation et donc éviter ces accidents médicaux. Malheureusement, ces recommandations ne sont pas toujours suivies ou documentées dans le dossier médical d'où une faute médicale à l'origine du dommage corporel.

Un examen clinique simple peut prédire ces accidents d'anesthésie comme le score de Mallampati (disparition des structures en arrière de la bouche après son ouverture) et la distance entre la pomme d'Adam et l'extrémité du menton.

Ce dépistage clinique est critique pour permettre une prise en charge du patient conforme aux données de la science médicale afin d'éviter le préjudice corporel souvent grave. Dans une étude récente (Open J Anesthesiology 2014; 4:88-98), l'impossibilité de ventilation avec un préjudice corporel par anoxie cérébrale était la première cause d'une action en justice dans un registre de litiges en matière d'anesthésie donc avant celles de choc anaphylactique, arrêt cardiaque, hématome épidural, lésion nerveuse/médullaire ou le choc septique. Des difficultés d'intubation et de ventilation sont donc un problème important pour l'avocat spécialiste en responsabilité médicale.

   


Dépression respiratoire en période postopératoire due à la morphine : la vaste majorité des préjudices corporels sont évitables

28.04.2016
Oniam, Anesthésie, Accident médical, faute médicale, avocat, préjudice corporel, Grenoble, Bordeaux, Lyon, Marseille, Lille, Rouen, Paris Une excellente étude récente d'un registre de presque 10.000 litiges (Anesthesiology 2015; 122:659-65) a identifié des victimes avec une dépression respiratoire postopératoire consécutive à l'utilisation de la morphine et ses dérivées pour le traitement de la douleur. Parmi ces litiges, plus de trois quarts concernaient une procédure (ou une transaction) intentée par un avocat pour un préjudice corporel par anoxie cérébrale.

La grande majorité des préjudices corporels sont arrivés dans les 24 heures après l'intervention chirurgicale et 97% ont été considérés par les auteurs de cette étude comme évitables par une amélioration du monitorage et de la réponse de l'équipe soignante.

Les facteurs identifiés comme étant à l'origine de ces accidents anesthésiques évitables étaient des préscriptions émanant de plusieurs médecins, l'administration simultanée d'autres sédatifs non-morphiniques ainsi que des manquements de la part des infirmiers dans l'évaluation respiratoire.

Cette étude confirme le consensus naissant à savoir que les préjudices corporels par anoxie cérébrale en rapport avec l'utilisation de la morphine sont évitables particulièrement dans les premières 24 heures en période postopératoire.