Erreur médicale lors de l'accouchement : une modification majeure à intervenir dans l'expertise des jeunes victimes d'IMOC
04.06.2016
Un expert judiciaire vient de publier un article dans une importante revue française de gynécologie-obstétrique qui aura pour effet de modifier profondément la pratique des experts en France quant à la détermination d'un lien entre une infirmité motrice d'origine cérébrale (IMOC) et un manque d'oxygène (asphyxie ou anoxie) suite à une erreur médicale commise lors de l'accouchement. Il s'agit du critère le plus important, à savoir le pH, qui traduit une acidose qui à son tour indique un manque d'oxygène à la naissance...
En effet, l'acidose du nouveau-né démontrée par un pH très bas, notamment inférieur à 7, est l'un des critères critiques nécessaires pour prouver un lien entre une infirmité motrice d'origine cérébrale (IMOC) et une « souffrance fœtale » survenue lors de l'accouchement. Or, quand cette acidose est du type « métabolique », elle traduit un véritable manque d'oxygène important et prolongé établissant ce lien entre les deux. En revanche, quand l'acidose est du type « respiratoire », elle ne traduit qu'un simple niveau élevé de gaz carbonique dans le sang (PCO2) qui n'est pas nocif pour l'enfant à naître. Le problème pour l'expert est qu'il faut distinguer entre les deux.
Pour en tenir compte, un expert près d'une cour d'appel avec d'autres auteurs viennent de publier une étude qui pourra bouleverser la pratique des experts en France. Jusqu'à présent, les experts ont utilisé le critère du « déficit de base » pour mettre en évidence une acidose métabolique. Cette nouvelle étude indique que le « pH eucapnique » (qui tient compte du niveau de gaz carbonique) est le critère qui doit être utilisé pour établir le lien entre un handicap de l'enfant par IMOC et un manque d'oxygène lors de la naissance après une faute médicale du gynécologue-obstétricien.
Or, ce nouveau critère du « pH eucapnique » aurait pour effet d'écarter un grand nombre de victimes de toute indemnisation du préjudice...
Notre cabinet avait travaillé sur cette question depuis 2013. Donc, avec deux de ses médecins conseils, nous avons déjà trouvé que ce calcul rapporté du « pH eucapnique » se base sur deux hypothèses incorrectes : il est donc erroné. Nous avons rédigé un projet de dire qui sera utilisé sur ce point pour les victimes défendues par notre cabinet.